[lu] le regard de maurice pons sur l'île engloutie, aquarelle de paul klee
[balade] mon reflet dans l'oeil d'or...

[ouèbe] curation du bois dont on fait les flûtes

attention : article avec des liens à cliquer, plus sérieux donc plus chiant que son titre barré ne le laisse accroire

Image: ‘The Great Dinosaur Museum Mystery‘ – Flickr CC Hier quand j'ai découvert via twitter la revue de sujet publiée par Mossieur Resse sur la plateforme de curation (sic)  scoop.it! , j'ai cru péter un anévrisme cérébral... d'admiration, de joie, de reconnaissance, et d'envie ! Feu d'artifice sous un crâne !

En un flash, j'ai vu se rétro-dérouler mes années professionnelles et compris (ou cru comprendre) que ça y était :  ces messieurs-dames du web 2.0, après avoir enterré le web sémantique, auraient inventé la web-documentation et la (ou le) web-documentaliste. Enfin ! Jamais trop tard pour bien faire.

Quelques lectures d'articles sur le sujet de la curation plus loin, j'en avais le cœur presque net. J'étais prête à parier (un peu) sur  l'avenir et la pérennité de ce qui apparaitra au début à certains comme yet another avatar des technologies de l'information.

Bon d'accord il y a un problème avec le terme en anglais : curation. Mais c'est juste un problème de cosmétique et de snobisme technologique.

Curation : le problème c'est que l'étymologie médicale (soin, nettoyage, assainissement) est justifiée mais peu ragoûtante (curer, cureter, curetage,...)

Curator : conservateur (de bibliothèque, musée), commissaire d'exposition, sont mal adaptés aux nouvelles technologies - curateur pourrait être un faux ami (ou pas ?) quand on lui donne le sens de responsable de la transmission d'un héritage (curatelle)

Avec blog nous avons eu notre pain blanc : un terme d'origine anglo-saxonne, mais intraduisible car créé de toutes pièces (web log). Sa franchouillardisation est ludique et facilement compréhensible (blog, blogue, blogueur, bloguer) - bloguage cependant est inélégant et pour cette raison malheureusement, souvent remplacé par blogging.

J'ai peur qu'on cherche longtemps à faire aussi bien avec curation. A suivre.

A l'âge néo-cybernétique, quand je sévissais encore dans les centres de documentation, nous faisions la promotion de services de diffusion sélective (pour la veille technologique), ou de recherche rétrospective de l'information (pour les études). On discutait le bruit et la pertinence des résultats. On parlait de profil, mais cela n'avait rien à voir avec l'inscription à un réseau social. Le profil documentaire était la représentation du sujet de la recherche bibliographique, de la demande d'information.

A l'époque (années 197*), existaient aussi les Contents Reviews, des revues de sommaires qui constituaient des bibliographies spécialisées par sujet (topic, tiens !). C'était un outil pour les documentalistes, précédant de peu l'avènement des bases de données bibliographiques spécialisées.

Une à deux décennies plus tard, une fois les limitations technologiques abolies, les bases de données documentaires contenaient non seulement la description bibliographique des documents, mais l'intégralité du contenu de ceux-ci.

Le content a peu à peu remplacé le document, ce qui est justifié quand on veut parler d'une partie seulement de l'information contenue dans le document, mais pas toujours. Les livres, les articles de presse ou de blog, les vidéos, les cartes, etc. - les documents - existeront encore longtemps comme des entités. Content management. Dans mon tout dernier poste de travail, on m'avait même gratifiée du titre bizarre de Content coordinator, et j'avais jamais osé avouer que je ne savais vraiment pas ce que c'était sensé vouloir dire !

Je viens de faire une demande d'inscription à scoop.it!  qui est encore en version beta.
J'irai peut-être aussi voir Pearltrees, si Nicolas veut bien un jour me faire une démonstration au comptoir.

Voici quelques uns des nombreux articles que l'on trouve en ce moment sur ce sujet-mode :

Une ration de curation, Presse Citron, le 18 mars 2011

“ Je pense que ceux qui sont sceptiques et qui ne voient derrière cet usage qu’un concept fumeux et du vent de marketeux se trompent. La curation correspond à une vraie pratique, utile, avec ses règles et les outils qui vont avec. ”

L'auteur signale en outre dans son article le dossier 01net :

Curation, je dis ton nom, Ogilvy Public Relations Worldwilde, 2 février 2011

“ Si l’acte de trier du contenu, de le sélectionner et de le mettre en scène pour exprimer un point de vue ou raconter une histoire est vieux comme le monde, l’origine du terme nous vient du milieu artistique US où « l’art curator » désigne le commissaire d’exposition. Celui-là même qui dans le foisonnement de la production artistique sélectionne les œuvres et les juxtapose pour créer une exposition. Cette filiation avec le monde de l’art souligne la place essentielle que joue l’esthétique de l’énonciation dans l’acte de curation. Un critère fondamental que les tentatives de traduction française (édition du Web, rédaction en chef) ne parviennent pas à retranscrire. Mieux, cet héritage de l’univers artistique, milieu de passionnés, sous entend à quel point le monde de la curation est celui des intérêts. Autre avantage de cette filiation, elle insiste sur le caractère intrinsèque de la subjectivité. Or quoi de plus subjectif que le goût artistique, être curator, c’est affirmé un choix qui nous est propre. ”

Le nouveau concept de la "curation", atlantico, 18 avril 2011

“ La curation, c’est de l’agrégation contextualisée
Curation : pratique qui consiste à sélectionner des contenus précis en anticipant sur des attentes particulière des internautes. La curation est plus sélective, plus spécialisée que l’agrégation. Elle anticipe et elle cible mais surtout elle crée un contexte autour des contenus qu’elle agrège. Elle se propose d’aider les internautes à s’y retrouver dans le chaos des contenus du web. Comme l’écrit un adepte de la curation : « On met de l’humain à la place des algorithmes de tri. » ”

Non à la "curation", owni, 13 février 2011
un article contradictoire, donc à lire ! surtout pour le style et le ton...féminin (j'ai pas dit féministe), mais un peu fumeux (pas dit fumiste)

“ Pourtant, aller chercher des liens coolos sur l’interweb et les organiser, oui c’est du boulot. Et oui, vu l’architecture du web, c’est plutôt nécessaire. Mais là, ça me donne l’impression qu’on va se faire gicler par des étudiants en école de commerce qui deviendront curateurs professionnels, qui l’envisageront uniquement comme un boulot et pas par amour. Parce qu’il y a un amour du beau lien. Avant de devenir des curateurs professionnels, Diane, Alexis et moi passions nos vendredis soirs à se montrer des liens rigolos sur l’interweb, pour le plaisir. Je sens confusément qu’il y a là matière à prolonger ma réflexion sur la mort du web et la quiche lorraine mais je suis un peu trop fatiguée pour ça. Bref, internet est devenu une affaire sérieuse de grandes personnes assez chiantes, exactement comme le mot curateur, et comme les images qui vont avec. ”

Web content & digital curation, scoop.it, mise à jour permanente
la preuve par l'exemple... (on n'est jamais mieux servi que par soi-même)

 

Et pour la nostalgie, deux articles anciens de moi (on n'est jamais mieux servi que par soi-même) :

Gougueule de bois, le blogue de tilly, 8 mars 2008

“ Moreno (auteur de la théorie du bordel ambiant entre beaucoup d'autres choses et inventions) était excellent. Quelqu'un disait aussi que l'on a moins besoin d'ordre, de classement, de rangement aujourd'hui qu'hier, grâce à l'informatique. Pas la peine de mettre trop de temps et d'effort à organiser les choses à l'avance pour les retrouver, gougueule et ses copains sont là, les jeunes l'ont déjà bien compris. ”

Taguage ou folksonomie ?, le blogue de tilly, 5 avril 2005

“ En gros l'idée c'est (d'après moi) que l'inondation d'informations (texte, images, sons) rend de plus en plus urgente et nécessaire une dose d'organisation, de  classification, pour que les recherches donnent des résultats suffisamment pertinents, et que les informations puissent être partagées entre des communautés d'utilisateurs ayant des intérêts voisins. D'où l'idée de regroupements virtuels (pas physiques), par thèmes (catégories, mots-clé, tags), des informations disséminées sur la toile (géographiquement, et dans le temps). Le besoin n'est pas nouveau. On n'a pas attendu le ouèbe pour savoir utiliser quand il le fallait des taxonomies, des thésauri, des ontologies, des index, des mots-clés plus ou moins contrôlés, libres ou naturels, pour accéder à l'information même non numérique. Ce qui est nouveau avec les folksonomies, c'est qu'elles apparaissent au fur et à mesure des besoins, se constituent quasi naturellement, à l'initiative des créateurs d'information (auteurs) et des utilisateurs (lecteurs). Avant l'information était indexée, catégorisée par les auteurs seuls, au moment de la publication, jamais par ceux qui en avaient besoin. Bon j'arrête là. Après cela devient affaire de spécialistes pour expliquer les mécanismes. Un mot peut-être sur les résultats attendus et obtenus. Il existe déjà des sites comme Technorati qui montrent bien ce à quoi on peut arriver en matière de syndication d'information sur le web. ”

 

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