[potacherie] la tarte et le suppositoire, roman de michel ouellebeurre
[vu] l'or du duc, film de jacques baratier et bernard toublanc-michel

[extrait nabe] each day is valentine's day

Chaque 14 février, il faut écouter My Funny Valentine par Chet Baker...
En intro-bonus cette année, voici l'extrait de l'entrée du Vendredi 23 février 1990, page 3589, In:
Kamikaze, Journal intime 4, de Marc-Edouard Nabe

Let's Get Lost (1988) is a American documentary film about the turbulent life and career of jazz trumpeter Chet Baker written and directed by Bruce Weber (source wikipedia) “ Vu Let's Get Lost (“ Perdons-nous... ”) de Bruce Weber, un film sur Chet Baker : une merveille ! Finalement, les jazzmen ont eu de la chance : quand on voit les documentaires lamentables concoctés sur les écrivains !... Bud a eu Stopforbud de Jorgen Leth et Ben Webster, un très bon Big Ben, paraît-il... Ce Bruce Webster vient de composer, en noirs et blancs, avec des images d'archives, photos filmées, interviews de membres de sa famille tous plus détruits encore que le grand junkie au speedball (mélange de cocaïne et d'héroïne), un vrai film fictionnant la réalité comme je les aime. Même les palmiers, les plages, les auto-tamponneuses, les petits chiens et les pin-up ont leur place et leur sens dans ce portrait auquel le modèle, un peu avant de mourir, s'est prêté de bonne grâce avec son air de momie roublarde, ou de Christ ridé dans le vent d'une décapotable, selon les plans. Mosaïque parfaite. Les anecdotes des femmes de Chet se débinant les unes après les autres, comme les confidences de la mère avouant que son fils l'a "déçue" et celles des enfants essayant de culpabiliser leur père sont comme des chorus sur son standard intérieur. D'une séance d'enregistrement à une chambre d'hôtel, d'un festival de Cannes en Californie, Chet se raconte en mots, en notes, en sourires, en soupirs. L'édenté du Cool n'a jamais été plus poignant.

Toutes les nostalgies sont là pour l'avenir, voilà pourquoi le film est au présent pour toujours : Chet le résume lui-même à la fin. C'est tout juste si ce n'est pas lui qui nous apprend sa mort, signalée au générique final, à l'âge de 58 ans : le toubib hollandais qui l'a découvert dans sa flaque rouge sur le trottoir l'a pris pour un homme de 35 ans (exactement le contraire de Charlie Parker) ! Bravo Weber. Beau travail sur le temps, la chair, le son, la mort, bref sur tout ce qui compte. ”

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