[rentrée littéraire] vendanges tardives, nouvelles de jean-françois coulomb
dimanche 10 octobre 2010
chez l'Editeur, juin 2010, 180 pages
Voici ma quatrième lecture pour les Chroniques de la rentrée littéraire, en partenariat avec Ulike et Cultura.
La première est là, la seconde est ici, et la troisième là-bas.
Quatorze nouvelles courtes. Tout cela est joli, élégant, malin. Une lecture agréable et rapide, mais sans beaucoup de relief. J’aime bien quand les textes courts bousculent bien fort le lecteur (Topor, Bloy, Fitzgerald, Maupassant, par exemple). Là, j’ai été gentiment surprise par quelques chutes astucieuses (Hors-jeu, Histoire suisse), mais pas toujours. Certaines m’ont paru répétitives, fabriquées, redondantes.
Jean-François Coulomb a quelques dadas : les hussards de Napoléon (Vendanges tardives, Paris-Austerlitz), les petits cocufiages entre amis (Aquarelle sur le Nil, Septembre noir), ou en famille (Franck et fils, Sex-toys), les accidents d’auto et d’avion (Septembre noir, Hors-jeu, Franck et fils, Histoire suisse). A part cela je n’ai pas appris grand-chose sur l’auteur en progressant dans ce kaléidoscope d’histoires sentimentales au goût doux-amer.
Comme avec Thibault de Montaigu (Les grands gestes la nuit), mais en beaucoup mieux réussi, j’ai eu l’impression d’un hommage rendu aux romans bourgeois des années 60-70.
On est le plus souvent à Saint-Germain des Prés, que l’on quitte parfois pour l’Old Cataract d’Assouan, le Floridita de La Havane, ou Saint-Tropez.
Est-ce que le titre Vendanges tardives se rapporte à l’ambition littéraire de l’auteur ? La quatrième de couverture indique que Jean-François Coulomb est né en 1956, et que c’est ici sa première incursion dans le domaine littéraire. Un vieux débutant ? Pas si sûr...
Dans un billet intitulé : “Hussards toujours vivants, littérature suit…”, Arnaud Le Guern écrit :
“ Besson et Neuhoff, par contre, furent d’une belle aventure qui ne s’est pas privée de saluer Frank, Nimier, Blondin et Laurent : la revue Rive droite.
C’était en 1990. Ça a duré quatre numéros avec, pour éditeur, Thierry Ardisson – alors romancier inspiré et pas encore animateur pubard en bout de course. Au sommaire : Frébourg, Saint-Vincent, Parisis, Leroy, le trop oublié Jean-Michel Gravier ou encore Frédéric Fajardie. Mais aussi Jean-François Coulomb, homme de télé, de presse écrite, de ce qui lui plaît. Coulomb offrit à Rive droite une histoire d’amour triste sur fond de bataille napoléonienne : Paris-Austerlitz. Vingt ans après, cette nouvelle clôt Vendanges tardives [...] ”
On comprend mieux alors, les clins d’œil de Coulomb aux “hussards”, même si les siens sont de vrais soldats de l’Empereur, pas des écrivains. Aussi, les citations en exergue : Bernard Franck, Patrick Besson, et quelques silhouettes diverses : Déon, Morand, Cocteau.
Quelques unes des histoires sont encore plus amusantes à la lumière de l’actualité.
Plaisir d’offrir met en scène une vieille dame riche mal-aimée qui déshérite ses enfants et offre un tableau à l’ami de son petit-fils (mais en tout bien tout honneur !).
K.-O. debout a pour héros un riche entrepreneur qui se prend pour un grand comédien.
Pour son esprit fin et la qualité de son écriture, Jean-François Coulomb mérite de rencontrer un public de lecteurs sensibles à sa petite musique, en attendant (comme je fais) un premier roman plus symphonique.