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8 notes en août 2010

[danah a dit] mais non, la protection de la vie privée n'est pas enterrée

in English: " Why Privacy Is Not Dead - The way privacy is encoded into software doesn't match the way we handle it in real life. "

danah boyd, credit: Nick Reddyhoff La dernière fois que j'avais cité danah boyd ici, elle exprimait son de désenchantement vis-à-vis des trop nombreux nouveaux développements des réseaux sociaux, et des multiples et diverses possibilités offertes pour communiquer : il y a des jours où je me sens garce !

Cette fois, dans un article court et peu sociotechnique pour le magazine Technology Review, du MIT, danah semble avoir retrouvé sa stamina et son envie d'orienter chercheurs et développeurs de  nouveaux media sociaux vers des fonctionnalités mieux adaptées aux habitudes des utilisateurs, notamment en ce qui concerne la protection des données personnelles.

Ayant oublié de décocher je ne sais quoi dans une requête gougueule, je suis tombée directement sur la traduction automatique en français (?) de l'article de danah. Stupeur et consternation, surtout que j'avais d'abord cru lire la prestation d'un "vrai" traducteur !
Vous trouverez la mienne (traduction) dans la suite de ce billet...

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[rentrée littéraire] rosa candida, roman de audur ava ólafsdóttir

traduit de l'islandais par catherine eyjólfsson, éditions zulma, août 2010, 333 pages

19 euros sur amazon.com à partit du 19 août

Début juillet, il devenait évident que l’été serait chaud. site des Chroniques de la rentrée littéraire

Une bonne raison déjà pour choisir ce roman islandais parmi les nouveautés proposées par Abeline Majorel pour en faire une chronique dans le cadre d’un partenariat entre Chroniques de la rentrée littéraire, Ulike et Cultura.

En plus : un très joli titre, un nom d’auteur délicieusement ethnique (retenir fille d’Olaf, et Ava comme Gardner), et une couverture graphique particulièrement attirante qui m’a rappelé les dessins et les couleurs finlandaises des tissus Marimekko dans les années 80.

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[extrait] à bientôt paris !

In: Livre des rois de Bretagne, roman d'Yves Elléouët, Gallimard, 1974 et 1988, 275 pages

Pour clore en lyrisme, en beauté et avec un peu de nostalgie une petite série de billets estivaux sous forme d'extraits de lectures, j'ai choisi un hommage à la Beurtagne Bretagne, à ses paysages et ses peintres, à ses légendes et ses écrivains. A bientôt... Paris !

Au bar de la marine, peinture de Christian Sanséau (droits de reproduction réservés) - cliquer sur l'image pour voir le site de l'exposition du peintre à la galerie Emotion Plurielle, Missillac (44), août 2010" M. Cocaign pousse la porte d'un Café-Tabac-Boulangerie où ronfle déjà la conversation avinée des samedis soir et où il boit, lentement, un whisky soutiré à une bouteille renversée, goulot en bas, ainsi qu'un pis muni d'une mesure de quelques centilitres ; les trois autres pis de la mamelle étant représentés respectivement par une bouteille de cognac, une bouteille de Pernod et une bouteille de Ricard, encerclées dans des anneaux chromés, et qu'une serveuse maigre " trait " alternativement - surtout les deux dernières. Encore une mesure ou deux pour oublier la vision de tout à l'heure et trinquer avec soi-même à la santé de ceux qui ne sont plus, depuis longtemps, en état de boire quoi que ce soit. Il repose le verre sur le comptoir. Autour de lui, brouhaha. Le miroir vissé au mur du fond est complètement embué (de la vapeur sort en flocons de la cuisine dont la porte, toute proche, est restée entrebaillée).

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[extrait] mes prix littéraires, recueil de textes et discours de thomas bernhard

Dans la même année 1967,  Thomas Bernhard se voit décerner le prix d'État autrichien de littérature et le prix Anton-Widgans attribué par la fédération des industriels autrichiens (sic). Mais le discours politiquement incorrect de Bernhard lors de la remise du prix d'Etat fait scandale, et la fédération des industriels décide d'annuler la cérémonie de remise de son prix qui devait se dérouler quelques semaines plus tard.

Vanité couronnée : or émaillé, cristal de roche - objet de l'exposition C'est la vie, vanités de Caravage à Damien Hirst, au musée Maillol, 2010 " Peu de temps après je m'étais retrouvé au Café Museum avec Gerhard Fritsch, qui jusque-là avait compté au nombre de mes amis, à la table même où Robert Musil avait coutume de s'installer, et je lui avais demandé s'il entendait, après cette ignominie de la part de la fédération des industriels, protester contre leurs façons de faire, démissionner du jury et mettre à disposition son fauteuil. Mais Fritsch n'avait l'intention ni de protester ni de démissionner du jury. Il avait trois femmes aux besoins desquelles il devait subvenir, m'expliquait-il, avec la ribambelle d'enfants qui allait avec, il ne pouvait donc se permettre de se livrer à cet acte de protestation qui à moi me paraissait évident, ni de démissionner du jury du prix Widgans, démarche qui me paraissait tout aussi évidente. Lui, le père d'enfants multiples et le soutien de trois femmes dispendieuses, m'accabla de jérémiades et me supplia de tenir compte de sa situation sur un ton qui me répugna profondément. Le pauvre homme, inconséquent, lamentable, pitoyable.  Peu après cette entrevue Fritsch s'est pendu à un crochet au-dessus de la porte d'entrée de son appartement, le gâchis qu'était sa vie avait fini par le dépasser et l'avait réduit à néant. "


[citation] flaubert, le bohémien et le bourgeois

C'est l'écrivain Gabriel Matzneff qui illustre un billet sur le démantèlement des camps Rom en ce mois d'août, par l'extrait suivant d'une lettre de Gustave Flaubert à George Sand (le 12 juin 1867) :

Flaubert « Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. »


[extrait] la valise du passé

In: Les Braban, roman de Patrick Besson, prix Renaudot 1995

image volée sur google (pub pour une eau minérale...) " Papa évoquait souvent sa propre mort. Ce qu'il y avait de difficile dans la vieillesse, selon lui, c'était qu'on pensait tout le temps à la mort. Le reste - maux de dos, troubles digestifs, palpitations cardiaques - ne le dérangeaient pas. Les vieux regrettent leur jeunesse, disait-il, non parce qu'ils étaient jeunes, car les jeunes sont malheureux et ont de bonnes raisons de l'être, mais parce que dans leur jeunesse ils ne pensaient pas à la mort. La plupart d'entre eux imaginaient même qu'elle n'existait pas. Les vieux ont la nostalgie de l'insouciance et l'impression que s'il pouvaient se débarrasser de la pensée de la mort, ils se débarrasseraient de la mort elle-même.

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[extrait] journal d'un blogueur, didier goux

In: journal de juin 2010, La femme qui s'éloigne - mercredi 30 juin

Didier Goux, écrivain en bâtiment " Il y a des jours où les blogs m'épuisent, et le mien particulièrement. Qu'est-ce que l'on fait, à passer autant de temps à répondre à des gens que l'on ne connaît pas, ne connaîtra sans doute jamais, dont on voit bien qu'ils ne vous lisent pas mais se sentent tout de même tenus de donner leur avis ? Le pire étant que je dois probablement faire la même chose chez les autres. Il serait peut-être temps d'arrêter ces conneries puériles.
Car les vrais blogueurs sont des enfants. Il n'y a qu'à voir le sérieux avec lequel ils se considèrent : aucun adulte ne s'offrirait ce ridicule. Ceux qui s'excusent auprès de leurs lecteurs – presque en les plaignant – parce qu'ils sont restés deux jours sans déverser leur habituel arrosoir de lieux communs ; ceux qui “prennent de la hauteur” et décortiquent, soupèsent, analysent l'importance du phénomène ; ceux qui discourent gravement (mais avec une jubilation pitoyable et risible) sur le coup qu'ils portent à la presse “institutionnelle” ; et les plus drôles, qui se voient marcher tous ensemble vers les lendemains qui chantent (lesquels sont, comme toujours, au coin de la rue), la colonne armée de la prochaine révolution, la vraie, la toujours attendue, qui donnera du pain aux miséreux, la paix et des baumes à ceux qui souffrent, des escaliers à la Butte et des ailes aux moulins. "