[siné] y a pas à chier, on est mieux vivant que mourant...
[niguedouille] à la quenellerie des babas

[lu] profession : mortel, fragments d'autobiographie de jacques sternberg

Profession : mortel - Les Belles Lettres, janvier 2001, 348 pages, 19 euros J'ai failli intituler ce billet : rendez-vous au paradis des auteurs mal aimés !

C'est la belle et nostalgique formule finale de la lettre que Walter Lewino écrivit pour saluer son ami Jacques Sternberg, disparu le 11 octobre 2006 à 83 ans - voir le site dédié à l'écrivain 

Ce jour-là, Sternberg avait effectivement rejoint Roland Topor qui l'attendait là-bas (ou là-haut) depuis un moment déjà, clope au bec et rigolard.
Le Noble Vieillard Facétieux, lui, les fait toujours poireauter, en bloguant tout seul dans son coin heureusement terrestre !

Cela faisait un moment qu'il m'intriguait ce Sternberg. Maintenant, il me fascine : drôle de bonhomme, drôle de vie, drôle de mort.

Des petites coupures comme des short-cuts, c'est la forme que prend cet étrange recueil de mémoires d'un septuagénaire. En vrac, dans le désordre, juste un repère de millésime quelque fois, souvent rien. Et un mot-titre par chapitre. Il y en a cinquante six, dans l'ordre alphabétique. Par exemple : Avanies, Condamné, Dégradations, Enlisement, Hantises, Panique, Tumultes, Vicissitudes...
On distingue bien à la lecture de la table des matières, où se situe le moteur littéraire et vital de Sternberg ! Pas dans le rose, l'enthousiasme, l'espoir, ni la légèreté. Il y a pourtant, à la page 109 : Émerveillements...

Des petits extraits du chapitre Carrière pour savourer le style et le ton de noire lucidité :

Février 1947
Je suis représentant de livres à Bruxelles pour une édition communiste et j'ai tant de mal à vendre cette camelote en pays réac que, pour survivre, je fais des faux bons de commande.

Mars 1952
Sur le pavé, sans ressources, à court de livres à vendre, je fais imprimer des tracts d'un syndicat d'entretien de Jacques Sternberg, mais je ne le lance pas sur le marché.

Novembre 1946
Représentant d'ouvrages d'art pour le compte d'un gros libraire, mes affaires ont été tellement mauvaises que je choisis la solution de revendre à un important bouquiniste tous mes échantillons.

Octobre 52
Le dernier refus d'éditeur me coupe les jambes, cette fois, d'autant plus que mon travail sous-payé au Club du Livre du Mois me coupe les bras. Écœuré
, vidé, j'en suis à me passionner pour des collages photos qui fascineront beaucoup de professionnels, mais ne trouveront aucune utilisation pratique.

Sur le site des amis de Jacques Sternberg, j'ai découvert cette vidéo formidable :


Sternberg et Roland Topor

Et sur son blog, Dorothée Blanck, rapporte le désopilant projet toporien de monument à la gloire du Dériveur !

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