[souvenirs] pierre etaix et la petite fille du cirque medrano

souvenir n°1 (le souvenir de Pierre Etaix)
[ ci-dessous la retranscription partielle du podcast de l’émission Nonobstant sur France Inter, mardi 8 juin : Pierre Etaix est l’invité d’Yves Calvi.
A 35 mn environ, Calvi interroge Pierre Etaix sur la peur du clown qu’ont souvent les enfants ]

Pour Etaix : ...c’est qu’ils ont dû voir de mauvais clowns, c’est pas possible autrement...
Moi j’ai vu Charlie Rivel à Medrano, je me souviendrai ça toute ma vie.
Y’avait une petite fille au premier rang qui sur son entrée, lorsqu’elle l’a vu avec son maquillage et sa chaise, et qu’on annonçait les clowns : “Voici le Clown Charlie Rivel”, alors j’ai vu qu’elle tremblait déjà.
Parce que probablement elle avait dû avoir une image du clown qui l’avait effrayée antérieurement...

Alors elle s’est cachée dans les bras de sa mère, et puis elle se retournait, elle ne voulait pas le voir. Et puis tout doucement elle a commencé à jeter un œil, elle s’est retournée, et puis à la fin du numéro de Charlie Rivel, elle était sur la banquette d’entourage de la piste et elle lui tendait les bras... (Pierre Etaix rit) Je trouve ça extraordinaire, je n’ai vu ça qu’une fois dans ma vie, mais c’était sublime !

a parte : finalement l'entretien tout entier de Pierre Etaix avec Yves Calvi m'a paru tellement sensationnel et indispensable que j'en ai fait la transcription verbatim intégrale

souvenir n°2 (le souvenir de mon père)

Mon père raffole de cette anecdote : au début des années 50 à Paris, il m’amène un jour au cirque pour la première fois (était-ce Medrano, place Clichy, proche des Batignolles et de la rue Jouffroy où nous habitions ?).

Soudain les clowns.

Mêlant jonglage et chahut, ils ont disposé des œufs sur une assiette au haut d’une perche.
Pour le final du numéro, ils choisissent une cible dans le public : la toute petite fille au premier rang blottie contre son papa.
Plus ils approchent d’elle au bord de la piste, et plus elle se recroqueville sur son siège.
Mon père raconte que celui-ci s’était presque replié sur moi quand ils sont arrivés au dessus. Pour faire une omelette... rigolaient-ils !
Roulement de tambour dramatique... projecteurs braqués sur la future victime tétanisée... l’assiette tombe... on s’aperçoit alors qu’elle est retenue à la perche par un élastique... et les œufs (en plâtre bien évidemment) dégringolent en guirlande ridicule jusque sous le nez de l’enfant terrorisée que j’étais, raconte mon père.

Est-ce que ce numéro a été suivi de celui de Charlie Rivel avec sa chaise et sa guitare ? Est-ce que... ?

Il faudrait que je demande à mon père...