turkish délices
samedi 13 mars 2010
Court et délicieux séjour à Antalya... presque trente ans après un premier séjour en Turquie.
Dans l'avion à l'aller je lisais avec plaisir Les Désenchantées (sous titré : Roman des harems turcs contemporains) de Pierre Loti.
Étonnant bouquin paru en 1906.Une histoire d'amours et d'amitiés contrariées par les traditions, la société et les religions, entre un écrivain français cinquantenaire diplomate en poste à Istanbul (le double littéraire de Loti évidemment), et trois belles jeunes femmes voilées de la haute société stambouliote.
Cette histoire orientalisante attachante et remarquablement documentée, sert de prétexte pour un réquisitoire féministe réaliste, toujours d'actualité dans de nombreux pays d'orient, et la dénonciation de la condition de la femme musulmane en Turquie, avant Atatürk.
“Œuvre étrange à plus d’un titre, tout à la fois ancrée dans son époque et annonciatrice de recherches plus proches de la notre : ces personnages en quête d’auteur, ce roman dans le roman, cet alliage indécidable de vérité et de fiction, tout cela, qui ne pouvait que passer inaperçu à la publication, fait des Désenchantées un livre tout à fait moderne, comme le sont d’ailleurs aussi Aziyadé ou Mon frère Yves. A sa manière quasi naïve, Loti participe du renouvellement des formes du récit. A sa manière, il participe à l’invention de la littérature contemporaine.”
Le sympathique guide turc qui accompagnait notre petit groupe lors de la visite des ruines de Pergé (photo), puis de la vieille ville d’Antalya, nous disait que d’autres traditions que le voile intégral subsistaient encore malgré les avancées sociales laïques irréfutables du régime de Mustafa Kemal Atatürk, depuis 1923.
Comme par exemple, les mariages arrangés par les mères turques, qui existent encore aujourd’hui, nombreux.
Du coup, les filles débarrassées du joug du voile et les garçons empêchés de polygamie, se retrouvent malgré eux sur un pied d’égalité de soumission devant cette tradition matriarcale résistante.
Seul épisode avataresque d’une journée d’excursion touristique plutôt réussie : le piège inévitable de la visite au magasin de confection de blousons et autres vestes en peau d’agneau plongé importée de Nouvelle-Zélande (sic). Nous avons même eu droit à un défilé de modèles vivants sur podium, garçons et filles passés du statut de vendeurs à celui de mannequins pour l’édification et la tentation du touriste. Beurk.
Faut-il être bête comme un mouton turc... je n’avais jamais rapproché le nom de la pierre, ni l’adjectif de la couleur turquoise, de son étymologie : pierre turque.