ce printemps-là, et tous les autres printemps
[expo] les rêves d'izis

[échos, nabe] moi, ça y est... je suis sauvé !

le système va changer !

je me suis sauvé tout seul !

Lundi soir je regardais l'émission de Frédéric Taddeï interrogeant longuement Marc-Edouard Nabe sur son vingt-huitième livre, L'Homme qui arrêta d'écrire.
La première partie de l'entretien a porté sur le système Nabe : l'anti-édition, l'anar-édition, sans éditeur, sans code-barre, sans libraires (voir le clip).

La Revue Littéraire n° 44, mars 2010, Editions Léo Scheer www.leoscheer.com Je n'y reviendrai pas ici sinon pour conseiller la lecture des articles approfondis qui y sont consacrés dans La Revue Littéraire, Editions Léo Scheer.

Ah si encore un mot, et des chiffres : avec le système Nabe, les deux mille exemplaires déjà vendus rapportent à l'auteur autant que si il en avait vendu vingt mille dans le système d'édition standard !

Dans la suite de l'émission, Taddeï fait raconter à Nabe l'histoire de l'écriture de son 28ème livre : comment écrit-on quand on écrit un livre qui s'intitule L'Homme qui arrêta d'écrire ?

"-- Il fallait bien que je continue d'écrire. Il était hors de question que j'arrête d'écrire. Je me suis mis dans la position d'un homme qui arrête d'écrire pour pouvoir découvrir le monde qui m'entourait. C'est une façon  de reparler différemment du monde d'aujourd'hui et non pas de rester sur le monde d'hier que je connais bien et que j'ai déjà longuement interprété dans mes précédents ouvrages."

"-- Il fallait être crédible... A partir du moment où [le narrateur] n'écrit pas (c'est dans le titre) il ne peut pas continuer à écrire comme il écrivait : sa langue doit être différente. Ça a été un gros effort. Je me suis mis comme dans une situation de "down", de méforme, de sous-forme, pas en forme... Ce ne sont que des pensées... qui ne sont pas "écrites" puisque lui ne sait pas qu'il écrit... mais que le lecteur peut lire encore. Des pensées, des dialogues, et des actions."

"Down" ? Moi j'aurais dit plutôt : "Feelin' Blue!"...Il y a autant de jazz dans l'écriture de ce Nabe-là que dans celle de L'Ame de Billie Holiday (et al.). Seulement ce n'est plus swing middle jazz, c'est blues. Tempo et intention sont nouveaux dans L'Homme, différents, exprès. Et c'est magnifiquement réussi.

Pour voir ce que cela donne... on peut maintenant feuilleter les 25 premières pages (il y en a 695 !) du roman : ici [lien].
Ci-dessous, la copie d'écran avec les pages 8 et 9, on peut cliquer sur l'image pour l'agrandir :

NOUVEAU : les 25 premières pages de L'Homme qui arrêta d'écrire, peuvent être consultées sur la plateforme marcedouardnabe.com !!! BRAVO !

Je ne vais pas faire une transcription de l'émission... mais les thèmes analysés par Nabe et Taddeï mériteraient autant de billets écrits séparément sur :
  • c'était mieux avant tout à l'heure, la fuite en avant et en accéléré de la "contemporainité" sans (les bonnes) références
  • le besoin de virtualité pour perdre conscience (comme une drogue), le virtuel ne remplace pas le réel, c'est pire : il remplace l'imaginaire
  • la Tabula Rasa culturelle après mai 68,  les "initiateurs" n'ont plus fait leur boulot, les coupables sont aussi les quadras d'aujourd'hui, relayés par les trentenaires... il faut que les 25 ans se révoltent !
  • l'éloge de la lucidité et du goût, apprendre à comparer, à évaluer, internet peut y aider
  • la perversion des goûts par la surabondance, le toc, le faux dans tous les arts
  • l'impossibilité de l'art aujourd'hui, la confusion entre simplicité subversive (e.g. Duchamp, Brancusi) et infantilisme (e.g. Koons)
  • - ...
Ecoutez-les !


1 Marc-Edouard Nabe Ce soir ou jamais Taddei FR3 22/03/10


2 Marc-Edouard Nabe Ce soir ou jamais Taddei FR3 22/03/10


3 Marc-Edouard Nabe Ce soir ou jamais Taddei FR3 22/03/10

voir aussi mes billets plus anciens (depuis 2005) autour l'oeuvre et de l'actu de Marc-Edouard Nabe : dans la catégorie nabe

Commentaires