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[lu] la paresse et l'oubli, roman de david rochefort

Un heureux présage ? Les parents de David avaient réuni chez eux leurs amis pour fêter la sortie chez Gallimard cette semaine du premier roman de leur dernier fils. J'y étais. Cela se passait... rue Stendhal !

David Rochefort a vingt-neuf ans et vit à Paris. La paresse et l'oubli est son premier roman.

La paresse et l'oubli, David Rochefort, éditions Gallimard, collection Blanche, 260 pages, janvier 2010

« C'est Patrick Modiano qui a transmis à Gallimard le premier roman de David Rochefort » qui vient de sortir en librairie, indique Le Figaro. « Plutôt que de l'adresser à des éditeurs, le jeune homme avait envoyé son manuscrit à l'écrivain qu'il admire. »

mise à jour du 28 mai 2010 : nomination pour le Renaudot qui sera décerné début novembre !

David Rochefort Génération perdue ? Les enfants littéraires de David Rocherfort ont dix-sept ans, ils sont lycéens à Neuilly dans les années 19xx. Je pose comme hypothèse que xx =9x !

Je commence par un extrait à la page 200, formule d'une grande justesse sur le canyon intergénérationnel :

" Si l'on entend par génération le nombre d'années qui séparent deux individus qui ne peuvent pas se comprendre, ne vivant plus dans le même monde, le chiffre est certainement passé en à peine quelques années de vingt-cinq à deux ans. "

Cela donne la mesure, et au moins une explication, du désintérêt, de l'incompréhension puis de la démission des parents devant le comportement de trois garçons intelligents ballotés entre romantisme et nihilisme, entre provocation potache et activisme.

Les trois parties du roman (Paris, Berlin, Coutainville) suivent la progression inéluctable du héros principal vers le destin qu'il avait anticipé confusément dès sa rentrée en terminale au lycée St James de Neuilly, au début du roman.
De galère en échec, toutes illusions perdues, Benjamin Ratel le fataliste revient à son point de départ pour se laisser emporter par le vent mauvais d'une prédestination imaginée.

C'est un roman très riche en notations psychologiques originales, en observations comportementales presque biologiques, mais l'auteur a, malgré toute sa précision d'entomologiste, une immense tendresse pour ses personnages de jeunes adultes en déroute. Il nous la fait partager, sans pathos.

Le titre du roman est tiré  d'une citation de Paul Nizan (Aden Arabie) que l'auteur a placé en exergue : "... les figures diverses de la paresse et de l'oubli". Pour être honnête, je ne trouve pas ce titre exactement représentatif du roman, mais je reconnais ne rien savoir de l'oeuvre de Nizan... le secret est peut-être caché là.

L'écriture est fluide, classique, j'aime quand les paragraphes sont bien séparés, et que lorsque les phrases sont longues, David Rochefort utilise point-virgules et deux-points, signes de ponctuation qui sont de plus en plus rares !

Pour finir, voici en vrac quelques auteurs, oeuvres, personnages, qui me sont venus à l'esprit en flashes au cours de ma lecture : Georges Perec, Raskolnikov, "Le loup des Steppes", "La conjuration des imbéciles", Brett Easton Ellis.

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