[conf] un individu seul est-il possible ?
vendredi 02 octobre 2009
Hier en fin d'après-midi, c'était la rentrée de l'Université populaire (sic) du quai Branly (conçue et animée par Catherine Clément, philosophe).
Prenant très au sérieux mon nouveau statut de retraitée, j'entrouvrais ainsi fièrement le volet culture et enrichissement personnel de mon nouvel emploi du temps.
Je ne suis pas assez pointue en histoire de l'art pour aller sur les bancs de l'Ecole du Louvre, ni suffisamment manuelle pour des cours de poterie, tapisserie, ou modelage. Me revoilà donc, à temps très partiel, sur les bancs d'un amphi, le Théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly (calme, confort et technicité, voir photo).
Roland Jouvent y donnait hier la première des dix conférences du cycle Est-ce ainsi que les hommes vivent ? et tentait de répondre à la question : un individu seul est-il possible ?
J'ai appris des choses sur le cerveau limbique (instincts, émotion) et le neo-cortex (intelligence). Sur l'interaction entre le système d'alerte (réponse immédiate de l'odre de 100 ms) et la verbalisation (500-800 ms). Je ne savais pas que c'est grâce à des neurones spécifiques (les neurones miroirs) que nous simulons (imaginons) ce que nous percevons du comportement de l'autre, et que par conséquent nous sommes en mesure de le comprendre. Les neurones miroirs siègent dans le néo-cortex.
Un individu solitaire, ne communiquant pas, ne développerait pas son système de pensée, se contenterait de son cerveau limbique (animal) pour survivre. A propos des anachorètes et de la méditation, Roland Jouvent indique qu'il s'agit d'un mode de fonctionnement très particulier du cerveau, hors-norme.
Existe-t-il un risque d'isolement de l'individu devant l'écran de l'ordinateur ? Roland Jouvent ne le croit pas. Imaginer, c'est agir. L'individu est capable de se faire plaisir avec sa propre pensée. L'acte de commenter, de dire ce qui se passe, est déjà une satisfaction.
Pour Roland Jouvent, ce qui est totalement nouveau avec la communication numérique, c'est l'immédiateté, l'importance prise par l'interactivité, le temps réel. La temporalité dans l'échange a tendance à disparaître. Le temps pour la rêverie, l'abstraction, l'imagination, se réduit considérablement et très vite. Cela gêne et opresse encore les adultes pour qui c'est nouveau, mais il semble que cela soit en train de devenir naturel pour les enfants.
Les thèmes des prochaines conférences ne sont pas mal non plus : la manipulation
mentale, l'identité, qui a le droit de diriger ?, qu'est-ce qu'un
monstre ?, l'idée de nation est-elle indispensable ?...
On peut retrouver les conférences de l'Université populaire en ligne www.quaibranly.fr