lectures éternelles
mardi 08 septembre 2009
Il y a quelques jours j'ai emprunté le premier volume du Journal intime de Marc-Edouard Nabe à la bibliothèque du Trocadéro, et j'étais allée aussi sec en lire les premières pages au cimetière de Passy, à quelques pas de la très belle tombe d'Yves Nat.
Aujourd'hui entre midi et deux, j'ai avalé Ravalec au cimetière Montparnasse.
Je découvre que beaucoup de gens viennent lire au cimetière. Surtout lorsqu'il fait aussi beau. Un lecteur par banc. Il faudrait aller de banc en banc, interroger chacun d'eux sur ce qu'il est en train de lire, et dresser la liste. Une liste pour chacun des cimetières de Paris. Un jour peut-être... une idée de reportage pour le magazine Lire ?
Note 1 - Nabe's dream, Journal intime 1 : billet en cours d'écriture
Note 2 - Le retour de l'auteur, Vincent Ravalec : petite chronique de lecture vite-fait en passant
C'est parce que j'ai su que Ravalec citait Nabe à plusieurs endroits dans son bouquin que j'ai voulu le lire... Ravalec, il y a quinze ans, j'avais lu et plutôt bien aimé. C'était mon époque Brautigan, Carver, et j'aimais bien ses recueils de nouvelles aux titres bien punchy : Vol de sucettes, Recel de bâtons. Et puis, le sujet de ce dernier petit bouquin tombe à pic en ces temps de rentrée littéraire et de questionnement sur l'avenir de l'édition, de l'écriture, du papier, et tutti.
Pour les citations de Nabe, rien de bien sanglant. On croise Nabe au milieu d'autres gensdelettres (ça, il ne va pas adorer) dans les coquetèles germanopratins, les remises de prix, les séances de signature, les émissions télé, auxquels Ravalec participe à reculons, parfois par hasard, en ignorant chronique du dress-code. Il met les lecteurs-rieurs de son côté en exagérant sa feinte maladresse, et en forçant sur son côté inadapté social pour mieux faire ressortir le snobisme et le ridicule des autres. C'est brillant et gentiment désespéré, mais pas révolté.
Le rythme est excellent, sauf dans la partie finale. J'ai un peu zappé sur la fantaisie ésotérico-littéraire. Bonne dernière page cependant, avec le dialogue entre l'auteur et l'éditeur à propos d'un slogan : VIVE LES LIVRES QUI FONT DES COULEURS ET REVER LA TETE DES GENS. A l'éditeur qui veut reprendre la syntaxe, l'auteur répond :
"Mais bon Dieu, qu'est-ce que vous avez tous ? La littérature si ça ne fait pas de la couleur et rêver la tête des gens, franchement, à quoi servirait-elle ?"
Note 3 - Couple in bed, cimetière Montparnasse : photo
La photo est de mon amie Claude Covo. Pour trouver une illustration à mon billet j'ai gouglé "cimetiere montparnasse" et fait une recherche d'images. Mon premier choix s'est porté directement sur ce cliché de la tombe des Pigeon. J'ai alors découvert que l'auteur est (naturellement) la photographe blogueuse de talent que je connaissait déjà bien !
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