où je m'offre une danseuse
jusqu'au jour où...

l'honneur perdu de Jacques Benveniste, chercheur (1935-2004)

Un prix Nobel de physique (GC, 1992) avait maintenu la tête du chercheur sous une eau de triste mémoire. Un prix Nobel de médecine (LM, 2008) serait-il en train de lui faire refaire surface, hélas à titre posthume ?

Les théories de Jacques Benveniste sur la transmission de signaux électromagnétiques d'origine biologique par les molécules d'eau viendront-elles alimenter les recherches pour la mise au point d'un vaccin contre le sida ?

Une nouvelle polémique est-elle en train de naître ? Luc Montagnier et Bruno Robert se disputent aujourd'hui la paternité d'un brevet dérivé des premiers travaux de Benveniste, qui permettrait d'isoler des signatures électromagnétiques de molécules dans un milieu biologique complexe, comme l'eau.

Benveniste (lien), je l’ai croisé quelques fois dans les années 80. Un charme fou, ténébreux. Marié à une amie de la sœur de mon mari, puis divorcé. Adolescents à la fin des années 50, Alain et ses sœurs formaient une petite bande l’été avec Jacques et quelques autres jeunes parisiens et baulois, plutôt bon chic bon genre, la petite bande.

Jacques devint un jeune chercheur renommé pour ses travaux sur l'immunologie. Alain se souvient lui avoir rendu visite dans son laboratoire en Californie, en 68. Une fois mariés, les amis d’enfance ont continué à venir en vacances à La Baule avec leurs enfants petits. Aujourd’hui quelques uns y vont toujours avec les petits-enfants. Pièce rapportée un peu tardivement, je n’ai pas connu cette époque, mais je sais les forts souvenirs qu’elle a laissés dans les mémoires de la famille Richard.

Je me souviens aussi d’un Dossiers de l’Ecran d'Armand Jamot ou Jacques affrontait Brigitte Bardot sur la vivisection. Vivifiant.

Puis orage et coups de tonnerre médiatiques, pendant l’été 88. Après plusieurs articles dans Le Monde, d'abord élogieux envers le chercheur et enthousiastes sur la découverte de la mémoire l’eau, c’est le scandale Nature (lien). C’est le discrédit international, le quasi bannissement. Déjà à ce moment, Jacques Benveniste était sorti de ma sphère familiale élargie, mais cette histoire sonnait comme une injustice criante pour ceux qui l'avaient connu dans le quotidien, même superficiellement comme moi. Les journalistes qui ont inventé l'expression poétique mais trompeuse de mémoire de l'eau, et l'ont utilisée tout au long de l'affaire, ont-ils eu conscience du mal qu'ils faisaient à son soit-disant inventeur ? Était-ce un tort si grand que de faire financer en partie ses recherches par un industriel de l'homéopathie ?

A la fin, Jacques poursuivait ses travaux sur les signaux biologiques émis par les molécules, presque seul dans un algéco qui portait malgré tout le numéro de l'unité de recherche INSERM dont il est resté le patron jusqu'à la retraite forcée à soixante ans. Toujours encouragé, soutenu, secondé par ses trois fils et sa nouvelle famille, il créera les dernières années une société pour l'obtention d'un brevet dans le nouveau domaine de la biologie numérique (lien).

Dans son édition du 8 mars, le Journal du Dimanche publiait un article pleine page sur le nouveau rebondissement de l'affaire de la mémoire de l'eau : Guerre secrète pour le brevet du siècle, une bataille judiciaire avec en toile de fond l'espoir d'un vaccin contre le sida, par Mathieu Deslandes. Il y est longuement question de Jacques Benveniste.

Les médias et les cercles scientifiques versant des larmes de crocodile et dénonçant les erreurs de jugement de leurs prédécesseurs ? L'histoire est suffisamment récente pour qu'il y ait une forte probabilité que des positions anti et pro Benveniste soient tenues, à quelques années de distance, par les mêmes personnes.

En mémoire de Jacques Benveniste. A suivre.

mise à jour 2010 : Stéphane Paoli sur france inter parle de plus en plus souvent de Jacques Benveniste et de sa réhabilitation indispensable, voir mon billet du 2 mai 2010

Commentaires