circulez y'a rien à lire
dimanche 22 mars 2009
Vendredi, j'assistais à une conférence de rédacteurs techniques - nobody's perfect! - et j'ai été frappée par l'exposé d'un professionnel de la profession, australien, présentation intitulée mélo-drôlatiquement :
what if readers can't read?
Les rédacteurs techniques en viennent à se demander si les critères de qualité qu'ils appliquent consciencieusement dans leur travail de chaque jour ne sont pas en train de voler en éclats. A quoi bon se casser à écrire une documentation lisible, simple et bien foutue si personne ne la lit, ou pire n'est plus capable de la lire, comme si elle était rédigée dans une langue étrangère ?
Mon australien partait du constat que les jeunes ne lisent plus du tout de la même façon que nous, et qu'ils s'expriment à l'écrit dans un nouveau langage, le txtspeak, le même qui leur sert dans leurs échanges par sms, sur les skyblogs, etc. On commence même à voir des épreuves d'examen en Australie, dans lesquelles ce langage est autorisé !
La lecture devient horizontale, superficielle, on lit les titres, les extraits. Ceci va amener à revoir la présentation des textes imprimés et en ligne. Cette (r)évolution est déjà largement entamée. Ce sont paraît-il les quinze premiers mots d'un message qui décident le lecteur à s'approprier une info, ou à zapper et passer à la suivante. La tendance est évidemment au raccourcissement à l'extrême de cette séquence significative pour le lecteur.
Je ne dis pas que c'est abominable et dramatique, je vois moi aussi que c'est comme ça et que, au moins dans les communications techniques on se prépare... on commence à penser à introduire plus de schémas, de vidéos, de clips audio dans les documents, les modes d'emplois, etc.
Ce n'est pas que les nouveaux lecteurs ne savent pas lire... c'est qu'il ne lisent pas pareil ! Et ce qu'ils écrivent, nous ne le comprenons qu'au prix d'efforts importants.
Les illettrés de demain, c'est pas eux, c'est nous. Autant s'y préparer...