[masse critique] Un homme accidentel, roman de Philippe Besson
dimanche 16 mars 2008
J'ai fait bien attention à ne pas lire de critiques du dernier roman de Philippe Besson avant de le découvrir par moi-même et d'écrire ces lignes. Mais sitôt que j'aurai posté le billet sur babelio, j'irai comparer mes impressions avec celles de critiques professionnels ou non.
Autant le dire tout suite je n'ai pas été emballée alors que je suis très fan du genre polar psychologique noir, et plus encore quand il est situé sur la côte Ouest des Etats-Unis.
J'aime bien les histoires de séduction irrationnelle, de fascination malsaine, d'emprise, de harcèlement, et autres tortures morales infligées ou fantasmées. Patricia Highsmith et Ian McEwan en ont fait des chefs d'oeuvre, l'une avec Monsieur Ripley dans Plein soleil, l'autre dans Délire d'amour et dans Un amour de rencontre par exemple. J'aime bien aussi quand un romancier français chausse des santiags imaginaires comme l'a fait Philippe Djian. Cela donnait 37°2 le matin.
Mais là c'est comme si je n'en avais pas eu pour mon argent. Pourtant mon exemplaire d'Un homme accidentel m'est parvenu à domicile sans bourse délier, grâce à Masse critique ! J'avais choisi ce roman dans une liste d'une soixantaine de titres proposés.
billet précédent pour Masse Critique : Darling, Jean Teulé
L'homme accidentel, c'est Jack Bell, acteur à succès dont la vie vient percuter de plein fouet celle du narrateur, jeune flic taiseux à Berverly Hills.
Le roman prend la forme d'une introspection narrative. Le survivant se demande si il aurait pu changer le cours des choses. Il cherche, mollement, à déterminer ce qui chez lui a déclenché la passion puis le drame. Finalement, l'explication est toute entière dans l'épigraphe, avant même que le lecteur ait lu la première ligne du roman. "Le motif de nos actes [les] plus décisifs, nous échappe ; non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. Sur le seuil de ce qu'on appelle péché, hésitais-je encore ? Non." - André Guide Gide, Si le grain ne meurt. L'amant de l'acteur ne veut ni ne peut dire ce qui l'a irrésitiblement entraîné dans une passion mortifère. Le romancier non plus, et c'est dommage. L'écriture irréprochable, sobre et stylée, s'accorde mal à mon avis à la violence des sentiments évoqués, et au désarroi du narrateur dont la vie est totalement dévastée. Philippe Besson est un malin. Il fait parler à son narrateur de "ces pages qu'on n'ose pas noircir de peur qu'un tiers ne les lise un jour". Ces pages là justement j'aurais bien aimé les lire.
En lisant Besson, j'ai beaucoup pensé à certains films : Le secret de Brokeback Mountain, Minuit dans le jardin du bien et du mal, Mulholland Drive. A cause du coup de foudre entre deux jeunes hommes, du flic envouté par son suspect, des bas-fonds de Hollywood. Je suis prête à parier que le film dont ce roman est le pré-scenario ne tardera pas à apparaître sur les écrans. Et comme Philippe Claudel l'a fait, que Besson mettra en scène lui même ses personnages. Je verrai bien Guillaume Canet, avec Robinson Stevenin dans le rôle de Jack Bell. Peut-être que je préfèrerai le film au livre et que des acteurs sauront donner de la profondeur, de la réalité et de la folie aux héros d'Un homme accidentel !