[histoire ancienne] Les premières mailles du Filet
mardi 20 novembre 2007
Ce weekend, le dossier de Le Monde 2 était consacré à La vie connectée.
La blogosphère va certainement en retentir d'échos, ces prochains jours. Je ne ferai pas ici une énième chronique des NTIC, mais je voudrais partager ce qui m'a personnellement touchée dans ce dossier : la rubrique Archives relatant L'aventure de l'Internet.
Le Monde avait publié le 5 août 2006 un article de Stéphane Foucart : La France rate le rendez-vous. Il était consacré à Louis Pouzin, l'informaticien chercheur français. Je me souviens que son surnom c'était Luiggi, et qu'à l'Inria et au Cnet, il a été le patron d'Hubert Zimmermann, lui même mon boss pendant près de 20 ans.
Un peu comme pour le Concorde, ou le train monorail, la recherche en télématique avait été un moment à la pointe de l'innovation mondiale, et pour d'incompréhensibles (pour moi) raisons politicoéconomiques, l'industrialisation et la pénétration auprès du grand public n'avaient pas suivi des avancées scientifiques et techniques françaises pourtant prometteuses. Avec le projet de réseau Cyclades de Louis Pouzin et les développements ultérieurs de son équipe de chercheurs, nous aurions pu figurer parmi les pionniers du monde Internet, alors que nous n'en sommes que les utilisateurs, bien peu acteurs de ses développements, et surtout des observateurs dépités ou râleurs devant la domination américaine sur le Réseau.
Lisez la suite pour comprendre pourquoi je suis si fière malgré tout, d'avoir été un témoin inactif mais direct dans cette aventure technologique passionnante née dans les années 70, au siècle dernier.
* illustration: More coffee please de Geneviève Gauckler, graphonaute .
Je vous disais donc que je n'étais pas très loin, en position d'observatrice, lorsque les premières mailles du Filet ont été tissées.
A de petites choses observées, on comprenait dès ce moment là (les
années 80) que les nouvelles technologies de l'information allaient
venir très vite bousculer nos modes de communication, voire de vie :
-
dans les forums de news, les mêmes qui servaient aux chercheurs à
communiquer et collaborer, je trouvais des recettes de cuisine, des
discussions autour du cinéma. Un peu plus tard je me souviens d'un
forum Twin Peaks que je fréquentais assidûment..
- dès 1986, je
faisais très régulièrement mes courses par minitel (I know, on dit que
le retard francais sur Internet, c'est la faute au minitel).
C'est sans doute ce qui explique mon engouement de longue date tant personnel que professionnel pour les applications et les services qui se sont installés sur Internet.
Alors peu importe si ce sont des noms anglo-américains
qui figurent au Tableau d’Honneur du Filet, tant que nous gardons le souvenir chaleureux
de chercheurs passionnés et passionnants sans qui les fameux réseaux sociaux n’existeraient pas encore aujourd’hui
.
Sur un ton un peu moins nostalgique et
solennel, j’ajoute qu’en plus, ils n’étaient pas tristes et qu’on se
marrait bien avec eux !
"Pour naître à la vie numérique il est nécessaire d'écrire", écrit Danah Boyd, informaticienne et anthropologue au MIT. Finalement, c'est un peu ça que j'essaie de faire depuis que j'ai commencé ce blogue.