Coeur de papillon
mardi 29 mars 2005
Lundi de Pâques, soirée pizza-télé, une résurrection
D'abord le JT de tf1 pour l'intervention de Delphine. Mais avant, le choc du cauchemar récurrent de Sumatra. Pas vrai. Pas encore. Pas eux. Les nouvelles ce matin sont presque rassurantes.
Le sujet sur les blogs était évidemment au format échantillon, mais il était, et Delphine et Cyril, très bien.
Après, France 3 pour le film de Didier Varrod sur Véronique Sanson.
J'avais été fan de VS jusqu'à Panne de Coeur, puis je l'avais oubliée. Une fin d'après-midi il y a quatre ou cinq ans, nous étions voisines de bac chez un coiffeur parisien. Je me souvenais d'elle accrochée à sa coupe de champ (oui, chez le coiffeur), pathétique, abimée, trébuchante. Cela m'avait bouleversée, choquée, peinée. Ce jour-là, je la voyais déjà rejoindre Piaf, Fréhel, Billie Holiday, Janis Joplin, et d'autres, au firmament des étoiles calcinées par les chagrins et les alcools de leurs vies.
Pendant longtemps, Véronique Sanson n'a pas su, pas pu, ou pas voulu faire le tri entre amours, musiques et alcools. Son talent, son inspiration, son succès naissaient de leurs imbrications fatales. Un jour, il n'y a pas si longtemps, elle a accepté de démêler la pelote. C'est ce qu'elle raconte si bien dans ce bel entretien filmé.
Peu importe qu'elle idéalise ou pas son histoire d'amour éternel avec Michel Berger. Ce qui sonne vrai, c'est la forme musicale très particulière de leurs relations après la rupture, leurs chansons respectives composant un dialogue au fil des années qui ne s'éteindra qu'avec MB, et l'album hommage de VS, D'un papillon à une étoile.
Steve Stills a-t-il vraiment été son âme damnée, voire pire ? Une scène familiale filmée en video dans leur ranch américain me hante. Si VS n'avait pas raconté avant la violence dans leur quotidien, est-ce que j'aurais vu autrement ces images ? Le réalisateur a-t-il consciemment laissé cette ambiguïté terrible ? Les parents et le petit garçon préparent un feu cheminée, lancent joyeusement des boules de papier journal et des brindilles dans les flammes. Soudain le père saisit une branche plus grosse et se retourne vers la maman. On voit alors Véronique se recroqueviller sur elle-même, le bras sur le visage dans un réflexe de défense. C'est tout, c'est glaçant.
Je suis volage, dit-elle en éclatant de rire, je ne comprends pas comment mes parents sont restés mariés pendant soixante-cinq années, je ne tiens pas d'eux ! J'ai toujours aimé séduire, avec ma musique, mais pas seulement, et encore maintenant !
Et pourtant ce sont ces parents exemplaires et tant aimés qui l'ont menée très tôt vers l'alcoolisme mondain en transformant les déjeuners du dimanche en dégustations oenologiques. Fierté du père devant ses filles si belles, si douées pour la musique et si calées sur les bons crus. Seulement, je ne recrachais pas le vin, c'était bon ! dit-elle. Cela m'a rappellé les anecdotes, sans toute vécues aussi, que raconte Amélie Nothomb dans Biographie de la faim pour expliquer un alcoolisme extrêmement précoce. La petite fille se faufilant entre les invités de ses parents pour siffler les fonds de verres au cours des fréquentes réceptions diplomatiques.
Mon dieu qu'elle était belle,
J'en ai froid dans le coeur...
(d'après Georges Moustaki)