Dans le sac à main des dames
Sur la route du pinot noir

Larmozieu

sur les échanges de regards, de sourires et de larmes dans le métro parisien (voir aussi la note de Durell, pour un autre registre)

Ligne 8, direction Balard, vers 11 heures, hier matin. Le SDF clochard vient  vers moi du fond de la rame. Pas véhément, pas insistant, juste épuisé, au bout du rouleau. Il  se place devant chaque passager, un peu trop près, il penche sa grande carcasse, avance sa grosse paluche gercée et marmonne tout doucement des mots qu'on entend pas. Ça lui prend trois stations pour faire tout le wagon, et quand il se penche vers moi, il n'y a que quelques centimes d'euros dans sa main.  J'y mets une pièce sans le regarder dans les yeux. Il s'assoit sur le strapontin en face et je sens qu'il cherche mon regard. 2 euros pour le sourire qu'il m'a donné, c'était vraiment pas cher. Il avait relevé la tête, il avait des yeux bleus et me souriait comme un petit enfant, ce géant tout abîmé.  [Niagara] J'ai pris une grande respiration ventrale, reniflé un bon coup. Ouf, personne n'avait rien vu. Si, une jeune fille  qui me faisait face, un peu plus loin,  qui serrait ses lèvres très fort mais n'arrivait pas non plus à ne pas pleurer.
Smile

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